Un travail     de titan   |
  Le contraste     mental   |
  DROP   |
  Principes     actifs   |
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La pensée positive 2.0 proposent de nombreux outils, autant dans la sphère mentale, émotionnelle que comportementale. Leur particularité est d'avoir été testés quant à leur efficacité. Le plus puissant d'entre eux est exposé ici.
Un travail de titan
La chercheuse et professeure de psychologie Gabriele Oettingen (à écouter en anglais sur Youtube
) s'intéresse à la motivation et aux visualisations dites "créatrices" depuis une vingtaine d'années. Cette scientifique a mis sur pied des dizaines études, impliquant des milliers de sujets, afin de mesurer l'efficacité de ces visualisations.Et là, surprise ! Elle découvre que les visualisations positives sont contre-productives !
Ce qu'affirment les mentors de la pensée positive depuis près d'un siècle doit être remis en question !
Ces études portent sur des thèmes aussi variés que :
- rencontrer un partenaire amoureux et former un couple
- trouver un travail stimulant
- perdre du poids et affiner sa silhouette
- réussir des examens
- résoudre des difficultés interpersonnelles et améliorer les relations
- etc.
Elles prennent en considération non seulement la réalisation des souhaits, mais également la motivation des sujets (évaluée subjectivement par des questionnaires et objectivement par des mesures physilogiques) et leur humeur.
Le livre a été traduit en allemand en 2015. Il est plublié chez : Pattloch Verlag Gmbh + Co sous le titre : Die Psychologie des Gelingens.
Les visualisations positives traditionnelles consistent à se représenter avec le maximum de détails sensoriels, cognitifs et émotionnels nos souhaits comme déjà réalisés. Les travaux de Gabriele Oettingen ont à chaque fois mis en évidence que ce type de visualisations démotivent ceux qui les pratiquent. Elles les relaxent et les détendent, mais ne les motivent pas à agir dans le sens de leurs désirs.
Imaginons l'exemple suivant : une personne rêve de perdre du poids et d'affiner sa silhouette. Elle se représente elle-même dans ses nouveaux habits qui mettent son corps en valeur, elle entend les compliments de ses amis, elle éprouve par avance l'aisance à pratiquer une activité physique sans être essoufflée... Tout cela lui fait du bien et lui procure des émotions agréables... mais ne la motive pas à enfiler ses baskets pour aller courir dans la forêt. Ni ne la protège face à la tentation une fois arrivée devant la vitrine du pâtissier...
La difficulté identifiée par Gabriele Oettingen dans les visualisations positives est que celles-ci leurrent en quelque sorte le cerveau : en lui signifiant que le désir est déjà réalisé, il va s'en satisfaire et démobiliser les ressources qui seraient utiles pour favoriser la concrétisation du désir dans la réalité.
Les ruminations mentales et autres pensées négatives abaissent l'humeur. Certaines démotivent alors que d'autres peuvent pousser à agir.
Les visualisations créatrices positives font du bien au moral, mais ne motivent pas.
Le contraste mental réussit pour sa part à augmenter et l'humeur et la motivation.
Ce qui ne signifie par pour autant que les visualisations positives sont à éviter ! Il s'avère que de ne visualiser que les obstacles ne soit pas profitable, car il manque l'issue positive. C'est la combinaison des deux qui offrent les meilleurs résultats. L'état de bien-être procuré par l'évocation mentale du désir réalisé est utile, à condition toutefois d'être couplé à la représentation des obstacles qui pourraient empêcher la réalisation du souhait. Dans l'exemple précédent, le manque d'entrain pour aller courir ou l'envie de manger une bonne pâtisserie. Plus exactement, la technique la plus efficace consiste à :
- se représenter le souhait réalisé, c'est-à-dire l'objectif que l'on désire atteindre
- imaginer les obstacles qui pourraient se dresser sur le chemin de la réalisation du souhait
- visualiser les actions qui permettent de dépasser les obstacles.
L'outil pour visualiser constructivement et efficacement se résume à l'acronyme DROP:
(l'acronyme anglais, mis au point par Gabriele Oettingen est : WOOP (Wish, Outcome, Obstacle, Plan).
- Désir
- Résultat escompté (avec visualisation détaillée)
- Obstacle possible (avec visualisation détaillée)
- Plan pour surmonter l'obsacle (sous forme : si... alors...)
(fichier pdf pour imprimer l'aide-mémoire DROP en format carte de visite)DROP s'utilise autant pour les grands rêves que pour les petits souhaits du quotidien. Plus il est pratiqué, plus il s'automatise et plus les résultats sont spectaculaires.
Par exemple :
une enseignante émet le désir de pouvoir faire son travail dans une ambiance calme et détendue.
En tant que résultat escompté, elle visualise le plaisir qu'elle éprouve à enseigner, la bonne ambiance qui règne dans la classe, sa bonne énergie lorsqu'elle termine sa journée.
Puis elle évoque mentalement les obstacles dépendant d'elle qui pourrait s'opposer à la réalisation de son souhait : elle hésite à intervenir pour faire régner la discipline, car elle aimerait être appréciée par ses élèves. De plus, elle a souffert de l'excès d'autorité de son père.
Enfin, elle planifie et met au point les réactions qu'elle aura face à l'obstacle : elle interviendra immédiatement, fermement, mais sans s'énerver ni crier dès qu'un élève enfreindra une règle ou aura un comportement inacceptable. "Si un élève enfreint une règle, j'interviens immédiatement".
Les travaux de Gabriele Oettingen ont réussi à mettre en évidence le mode opératoire du contraste mental, c'est-à-dire ses principes actifs. Le but est de répondre à la question : pourquoi ça marche ?
Plusieurs résultats expérimentaux viennent mettre en lumière les mécanismes à l'oeuvre :
Un désir jugé hors de portée, inaccessible (une barre placée trop haut) réduit la motivation : celle-ci est proportionnelle aux succès déjà vécus par le passé. Cette idée est à mettre en relation avec l'étude consacrée à l'auto-suggestion positive : si l'on n'est pas convaincu des paroles que l'on se répète, c'est notre humeur qui en pâtit. Ainsi, l'évocation des obstacles permet de discriminer les désirs : ceux qui paraissent réalisables vont s'accompagner d'un regain d'énergie alors que les autres vont automatiquement se traduire par une démotivation.
Un lien inconscient se crée entre le désir et la réalité du moment, représentée par l'obstacle. Ce lien fonctionne comme un conditionnement : à chaque fois que l'on pense au désir, la réalité est également activée, ainsi que les comportements qui pourraient la supplanter. Ce lien inconscient a été mis en évidence grâce à des expériences impliquant la mesure de temps de réaction extrêmement brefs.
L'intégration d'un obstacle à la visualisation favorise une meilleure reconnaissance de l'obstacle lorsqu'il se présente effectivement. Et donc une prise en charge plus efficace de celui-ci !
L'intégration d'un obstacle à la visualisation se traduit par une meilleure prise en considération des divers obstacles qui pourraient se présenter par la suite, indépendamment de celui qui a été identifié. Les comportements deviennent donc plus efficaces.
La pratique de cette méthode s'accompagne d'une meilleure prise en compte des feedbacks négatifs, c'est-à-dire des critiques, afin d'en tirer une information pour s'améliorer, et ceci de manière générale.
Une impression de contrôle, du moins partiel, sur les événements se fait jour, nourrissant la motivation à agir et à persévérer.
Par exemple, si notre souhait est de devenir écrivain, plutôt que de simplement visualiser un livre publié à notre nom et une séance de dédicaces où de nombreuses personnes viennent nous féliciter, nous avons avantage à évoquer aussi les obstacles probables : notre connaissance de la langue somme toute réduite, la pauvreté de notre vocabulaire et le manque de culture littéraire. Ces obstacles stimulent des idées telles que : écrire chaque jour une ou deux pages, peu importe le sujet, s'acheter un dictionnaire des synonymes et l'utiliser chaque jour pour trois mots au moins, participer à un atelier d'écriture, regarder des émissions littéraires à la télévision, aller chaque semaine à la bibliothèque pour emprunter un livre sur un thème différent. Il ne nous reste ensuite qu'à nous engager à concrétiser ces comportements, avec en ligne de mire notre rêve de devenir écrivain.